Dans le bouillonnement des idées au XVIIIe siècle, plusieurs intellectuels amiénois ont le désir de se regrouper. Une « Société littéraire » est fondée en février 1746 et se réunit le lundi de cinq à sept heures [vieille tradition donc !] chez l’un d’eux. Avec l’appui du Gouverneur de la Province de Picardie et le patronage du poète amiénois Jean-Baptiste Gresset, cette « Société littéraire » devient, par lettres patentes du roi Louis XV, l’« Académie des Sciences, des Belles-Lettres et des Arts » en juin 1750. Son sceau représente le Temple de l’Immortalité sur la cime d’une montagne escarpée, accompagné de ces mots de Virgile : Tentanda via est qui signifie « le chemin doit être essayé » — certains traduisent plus familièrement : « Faut y aller ! » ou « Osons ! »
Au XVIIIe siècle, l’activité de l’Académie est surtout scientifique. Elle s’installe d’ailleurs en 1751 au Jardin du roi, actuel Jardin des plantes, et dispense des cours de botanique, mais aussi de mathématiques et de chimie. À partir de 1775, ses séances ordinaires se tiennent dans la Chambre du Conseil, et les séances publiques se déroulent dans la grande salle de l’Hôtel de Ville. En 1792, l’Académie est supprimée, comme toutes les institutions associées à l’ancien régime. Elle renaît officiellement en 1799 en devenant l’« Académie des Sciences, Agriculture, Commerce, Belles-Lettres et Arts du département de la Somme ».
Le XIXe siècle est une période féconde en travaux, comme en témoignent les volumes des Mémoires de l’Académie dont la publication commence en 1835. Historiens, artistes, médecins, ingénieurs se réunissent chaque mois pour discuter des sujets proposés par les uns et les autres. En juillet 1851, l’inauguration de la statue de Gresset, réalisée par Gédéon de Forceville et installée à la Bibliothèque municipale, est l’occasion de célébrer le centenaire de l’Académie. Reconnue d’utilité publique en 1877, elle prend le nom d’« Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Amiens », titre qu’elle porte toujours aujourd’hui.
La Première Guerre mondiale éprouve durement l’Académie qui voit le nombre de ses membres diminuer et donc ses ressources. La publication des Mémoires est interrompue. Néanmoins, en 1950, le bicentenaire de l’Académie est célébré par d’importantes manifestations qui durent trois jours. À partir de 1961, les Mémoires paraissent à nouveau et la création d’une université à Amiens amène des membres nouveaux à l’Académie.
À partir de 1983, l’Académie organise des expositions d’arts plastiques qui donnent lieu à la remise d’un grand prix de l’Académie d’Amiens : ces expositions s’appuient sur un thème tel que « Visages » (1983), « Les quatre éléments » (1985), « Bestiaire imaginaire » (1988).
Après avoir disposé d’un local au Musée de Picardie, l’Académie est actuellement installée dans le pavillon Sud, à l’entrée de la Bibliothèque Louis-Aragon. Les séances publiques ont eu lieu dans l’amphithéâtre de la Faculté de Médecine, puis dans l’amphithéâtre Cavaillès (Place Dewailly). L’Académie entretient de nombreux rapports avec d’autres institutions et académies de province, portant le renom de la ville d’Amiens dans toute la France.
Lors des Journées européennes du patrimoine 2023, la Direction du patrimoine d’Amiens Métropole a proposé à l’Académie d’Amiens de participer au nocturne organisé à la bibliothèque Louis-Aragon. Ce fut l’occasion pour elle de présenter au public, venu nombreux, les publications et travaux d’un certain nombre de nos académiciens et de montrer la richesse et la diversité de leurs centres d’intérêt.
Notre bibliothèque
L’Académie garde précieusement trace du passé. Ses locaux abritent des collections des Mémoires ainsi que les publications de ses membres et celles d’autres académies. Ces fonds sont ouverts au public sur rendez-vous.
Un fichier est en cours.
Aux archives municipales de la ville d’Amiens sont déposés des documents qui datent d’avant la Seconde Guerre mondiale.